Cela fait bientôt quatre ans que je n’ai plus du tout entendu parler de lui. Hé ouais les copains, voilà ce qui arrive quand on ne regarde pas la télé, n’écoute pas la radio et ne picole pas au troquet, quand on ne va jamais chez le coiffeur ou chez le garagiste, quand on n’a pas de voisin, pas de grand-oncle, pas d’amoureux, et pas même un petit plan cul régulier histoire de. Alors vous devez penser que je vis sur la Lune, ou sur Mars ; vous n’êtes pas loin. Parce que moi, j’ai tenu parole. J’avais dit que je m’arracherais de ce vieux pays, je l’ai fait. «S’il passe, je me casse, vous ne me voyez plus ici». Je suis allé au bout de mes promesses. C’était le 7 mai 2007. Au petit matin, j’ai mis les voiles, j’ai dit salut la compagnie, et en quatre ans, jamais lu son nom, jamais vu sa gueule.
Depuis que mon optimiste d'un mètre vingt a percé sa coque en plein milieu de l'Atlantique, je me la coule douce sur mon île déserte. Et quand je dis douce, faut vous imaginer que je n'ai même pas un ballon de volley ou une famille de cannibales pour me divertir. Tout juste un bouquin de poche, piqué au hasard avant de prendre le train pour Saint-Malo, la Princesse de Clèves, je ne l'avais jamais lu. Oui, ça va, c'est un bon bouquin. Il y a seulement qu'au bout de la trois cent soixante-quinzième lecture, je commence à en avoir un peu ras le citron des minauderies de la Mistinguett de Chartres. Enfin, je ne me plains pas. Je suis loin de tout ça, maintenant. Je me fais griller le