Question directe pour scrutin baroque : un système permettant la qualification pour le second tour d'un candidat n'ayant aucune chance de l'emporter et favorisant, dans le même temps, la victoire écrasante d'un autre, largement minoritaire au premier tour, fonctionne-t-il normalement ? Non, bien sûr. Neuf ans après le «21 avril» et à un an de la présidentielle, le scénario reste pourtant possible. Pour certains, des réformes techniques remédieraient aux impasses de cette élection : remonter les seuils de parrainages nécessaires à une candidature ; classer tous les candidats au lieu de voter pour un seul ; supprimer un tour, ou en ajouter un troisième… D'autres, plus radicaux, prônent un virage parlementaire, que ce soit via un changement d'institutions ou en présentant à la présidentielle des candidats de consensus, les vrais leaders des partis s'affrontant lors des législatives qui seraient, du coup, l'élection reine. Ingéniosité infinie des politologues ! Mais le mal est plus profond. Dans Libération, Daniel Cohn-Bendit décrivait les ravages du présidentialisme, cette folie qui touche au bas mot 350 hommes et femmes politiques français, entre les candidats déclarés et les putatifs, ceux qui pensent à 2012 et ceux qui préparent déjà 2017 voire 2022, ceux qui veulent mesurer leur poids électoral, s'imposer dans leur parti ou tout simplement recherchent l'exposition médiatique. Qu'importent les risques majeurs liés à la fragmentation de l'offre politique, l'essentiel
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