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Libération
REPORTAGE

Douai «Avant, on se sentait privilégiés»

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La fonction publique. Le sentiment de déclassement et la dégradation des conditions de travail sont omniprésents.
publié le 22 avril 2011 à 0h00

Plein soleil, à Douai, ville de droite entourée de bastions communistes et socialistes. Sur le petit marché de la place Carnot, en centre-ville chic, on cherche le fonctionnaire. Voilà Cécile, 31 ans, institutrice en CM1, en vacances, qui fait la queue devant la camionnette du boucher. En quatre années de présidence Sarkozy, elle ne voit «ni détérioration ni amélioration».

La classe supprimée dans son école, située en zone d'éducation prioritaire, c'était «justifié». «On est passé de moins de 20 élèves par classe à 25, mais j'ai une bonne ambiance.» Le secret : «Pas des profs en plus, mais une équipe soudée». La fin des Rased, les réseaux d'aide aux élèves en difficulté, «ça ne change rien, c'était du saupoudrage». Et pour elle, ça va aussi, «j'ai un salaire correct, la sécurité de l'emploi». Elle compare avec les amis de son âge qui galèrent : «Je n'ai pas à me plaindre.»

Entre les gariguettes et les blettes, le sujet, c'est le nucléaire, pas les fonctionnaires : un couple part en vacances chez sa fille, à Gravelines, pas loin de la centrale. «Vous allez pédaler pour faire de l'électricité ?» rigole la marchande de légumes. L'homme : «Ce qui m'insurge, c'est qu'on va devoir faire un sarcophage à Tchernobyl. L'Allemagne et la Suisse ne donnent rien. Mais nous, par contre, on est riche !»

«On descend». Devant la caisse primaire, Monique, 62 ans, prof «d'habillement» à la retraite, a