Cathos et fiers de l'être. Ça ressemble à un slogan nationaliste, comme l'on en voyait, jadis, sur les affiches autocollantes des Bretons, Occitans ou Corses, «fiers de l'être». Aujourd'hui, on peut lire - dans l'Express et son supplément Styles - cette question très hype : «Les cathos sont-ils tendance ?» Après les musulmans, fiers aussi de prendre quelques rues pour lieu de prière, voilà l'église catholique partie dans un plan média, pour démontrer qu'un catho n'est pas coincé, qu'il aime le sexe et pas seulement pour procréer et, tenez-vous bien, qu'il a «du style». Suivez mon regard, voyez l'allure des musulmans… Sans doute la coïncidence avec la fête chrétienne de Pâques n'est-elle pas fortuite. Les cathos ne comptent pas pour des prunes dans notre paysage spirituel, et au diable ces étudiants juifs qui ont râlé la semaine dernière contre des dates d'examen tombant pile sur leur pâque à eux. Et voilà nos trois monothéismes lancés dans une course à la meilleure confession, avec un ennemi commun : ces laïcards qui leur feraient en ce moment bien des misères. La ficelle est grosse à l'heure où, flagrante mauvaise foi, les religieux ont l'oreille bienveillante de certains élus UMP et frontistes, sans parler du chef de l'Etat, légalement laïc. Et justifier les entorses à la laïcité pour éviter les dérives intégristes est pour le moins spécieux. Sauf à admettre la prise d'otages. «Je veux l'Eglise chez elle et l'Etat
Éditorial
Pauvre Victor Hugo
Article réservé aux abonnés
publié le 23 avril 2011 à 0h00
Dans la même rubrique