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Libération

Le piège de la banalisation de Marine Le Pen

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publié le 28 avril 2011 à 0h00

Durant la précampagne présidentielle, Marine Le Pen a remporté deux victoires. Elle a effectué une percée incontestable dans l’opinion dont le premier tour des élections cantonales a fourni une preuve tangible. Elle a aussi remporté la bataille de la banalisation. Non seulement elle incarne aujourd’hui la troisième force politique du pays mais elle est intégrée dans l’arc républicain, presque dans l’arc démocratique. Cette deuxième victoire est encore plus redoutable que la première, car elle est grosse d’autres succès possibles. Si le Front national de Marine Le Pen n’est plus un parti d’extrême droite mais, comme cela se dit et s’écrit de plus en plus, un parti populiste comme les autres, alors non seulement elle peut arracher de bons scores au premier tour - son père le faisait déjà -mais elle pourra peut-être un jour les améliorer significativement au deuxième, ce que jamais Jean-Marie Le Pen n’avait pu espérer. C’est une confirmation : contrairement à ce que prétend la vulgate actuelle, Marine Le Pen est plus dangereuse que son père.

Sa banalisation a des causes logiques mais est aussi le fruit d’une complaisance étrange. Côté logique, Marine Le Pen est créditée actuellement de 20% ou plus des intentions de votes présidentielles. Dans ces conditions, il devient impossible de la regarder comme une marginale de la société politique. Sa puissance la respectabilise. Par ailleurs, partout en Europe, on voit monter le flux de partis populistes ou de partis d’extrême droite. Di