Orgueil de la technologie française, garant de l’indépendance énergétique, il y a peu, la grande majorité des Français plébiscitait le nucléaire. Les risques décrits par les professionnels de l’atome semblaient si lointains. Après tout, Tchernobyl était le témoin de la faillite du système communiste ! Rien de tel dans cette énergie, symbole de technologie de pointe du monde capitaliste. Fukushima a tout changé ! En atteignant l’un des pays réputé, à l’égal de la France, pour sa maîtrise de l’atome, en constatant la difficulté chronique à informer les citoyens - un mois pour que les officiels admettent leur impuissance à maîtriser le développement de la pollution et reconnaître que Fukushima égale en gravité Tchernobyl - le nucléaire à sérieusement écorné son crédit laborieusement reconstitué après le désastre ukrainien. Le bilan terrible de la contamination change la donne : une zone de 30 kilomètres de rayon interdite à sa population, sans aucun calendrier de retour ; un an pour isoler la centrale, vingt ans pour la démanteler, un demi-siècle pour imaginer le commencement d’un futur. Et si cette ruine s’était passée à côté de chez moi, sur les bords de la Loire ou du Rhône ? Le nucléaire modifie l’échelle du temps ; rendant obsolète la dictature de l’urgence et du retour sur investissement instantané. Fukushima nous force à constater que nous avons inventé une magnifique industrie mais que nous avons oublié de la penser. En réunissant Nathalie Kosciusko-Morizet et Cécile Du
TRIBUNE
Le futur impensé
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publié le 29 avril 2011 à 0h00
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