De retour des Etats-Unis où il a de nouveau rencontré Dominique Strauss-Kahn, Laurent Fabius fait le lien entre la présidentielle de 2012 et l’élection de François Mitterrand à la présidence de la République il y a trente ans.
Quel souvenir personnel gardez-vous du soir du 10 mai 1981 ?
Ce qui me frappe, c'est que l'image la plus forte pour moi est la même que celle de millions de gens : le portrait qui s'affiche à la télévision à 20 heures. Et de mes aventures avec lui me revient une anecdote. Un jour, nous nous promenions le long des quais de Seine. Il aimait les bouquins. Il faisait beau. Nous voyons un passant venir en sens inverse avec un air particulier. L'homme arrive à deux mètres et crache sur Mitterrand. Un geste d'une violence terrible. Lui, impérial, passe. J'étais quant à moi sûrement blanc comme un linge. Et Mitterrand me dit : «Vous verrez, un jour ils changeront d'avis.» Je repense en souriant à cet épisode quand je contemple la mitterrando-nostalgie actuelle. Pour lui, le propre de l'homme d'Etat consistait à résister et anticiper : il avait raison.
A un an de la présidentielle de 2012, en quoi les socialistes devraient-ils s’inspirer de François Mitterrand ?
D’abord, la nécessité de l’unité, celle du PS, celle de la gauche, et aujourd’hui des écologistes. Ensuite, un projet mobilisateur. Enfin, une personnalité capable de gagner et de réussir.
Où en est-on sur ces trois points ?
Notre projet est solide et bien accueilli. Il permettra de mener la bataille et d'agir dans ce nouveau monde en tenant compte notamment des énormes contraintes financières laissées par M. Sarkozy. Pour la candidature, nous avons fixé un calendrier. Non par bureaucratie mais par ana