Ils y ont cru. Jean-Luc et Catherine font partie de cette génération qui avait foi en l'action politique. Et ils s'en sont donné à cœur joie. Avant Mitterrand, déjà. Et surtout avec lui. En 1981. Ils ont connu l'«allégresse», et l'«enthousiasme». Leurs enfants, eux, nés en 1970 et 1977, n'ont pas cette chance. En trente ans, la confiance vis-à-vis du pouvoir politique s'est ratatinée.
C’est un couple d’intellectuels, complices, branchés sur le monde. Tous les deux sont au CNRS : lui en physique, elle en sociologie. Ils sont parisiens et habitent tout près de la rue Soufflot, qui vit remonter vers le Panthéon, le 21 mai 1981, jour de sa prise de fonction, le nouveau président, rose au poing.
En 1968, ils ont la vingtaine. Catherine, étudiante à Nanterre, savoure le «bouillonnement» d'alors, et s'implique dans les mouvements de femmes. Jean-Luc, lui, s'intéresse aux premières critiques contre la société de consommation. Au début des années 70, ils partent vivre dans le Chili d'Allende : Catherine travaille dans un bidonville jusqu'à leur départ, précipité par la chute du régime. A leur retour dans la France de Pompidou, ils ont eu l'impression de débarquer dans un pays «individualiste» où «les idées généreuses perdaient de leur sens». Et où, ajoute Jean-Luc, «le spectacle de la gauche était lamentable». Ils se consolent dans leur ferme de l'Ariège où ils passent du temps en communauté, au milieu des chèvres.
Avec la montée