La mesure
Une loi pour l'éternité. A peine installé à l'Elysée, François Mitterrand gracie Philippe Maurice, dernier condamné à mort en France, aujourd'hui historien. C'est Robert Badinter, garde des Sceaux qui présente, le 17 septembre 1981, le projet de loi d'abolition : «Demain, grâce à vous, la justice française ne sera plus une justice qui tue. Demain, grâce à vous, il n'y aura plus pour notre honte commune d'exécutions furtives à l'aube naissante dans nos prisons. Demain, grâce à vous, les pages sanglantes de notre justice seront closes», lance-t-il aux députés. Après un passage au Sénat, la loi est promulguée le 9 octobre. Sur-le-champ, les bourreaux partent à la retraite anticipée.
Le contexte
En 1981, une large majorité de Français (62 %, selon la Sofres) se déclare favorable à l'exécution capitale. Elle a été appliquée à trois reprises pendant le septennat de Valéry Giscard d'Estaing, notamment contre Christian Ranucci (l'affaire du «pull-over rouge») en 1976. Lorsque le texte de Robert Badinter arrive à l'Assemblée nationale, la dernière exécution remonte à quatre ans (Hamida Djandoubi, dernier guillotiné au monde, aux Baumettes à Marseille). VGE est hostile à la peine de mort mais n'a ni l'envie, ni le courage d'aller à l'encontre de son camp et de l'opinion publique dominante, comme il les avait eus pour la loi sur l'IVG. Depuis l'élection de Mitterrand et sa promesse d'en finir avec la peine de mort, la cause est entendue