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Libération

Le 10 mai 1981 de Valéry Giscard d’Estaing

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publié le 12 mai 2011 à 0h00

Comme à chaque élection, Valéry Giscard d'Estaing a passé le 10 mai 1981 dans le château familial de Varvasse, à Chanonat, une belle bâtisse rustique, solide et sobre, à l'auvergnate, d'où il n'est sorti que pour aller voter. Il l'a fait sans illusion, car ce jour-là il avait compris qu'il allait être battu par François Mitterrand. Dans son bureau-bibliothèque, il a passé et repassé dans son esprit les différentes phases de cette étrange campagne qu'il venait de perdre. Trois mois auparavant, tous les sondages le donnaient encore grand favori. Comment lui qui avait réussi en 1974 la campagne présidentielle la plus étincelante de l'histoire de la Ve République, avait-il pu se laisser ainsi rattraper puis déborder par cet adversaire socialiste qu'il estimait peu et n'aimait pas ?

Après coup, il est plus facile de reconstituer le scénario. Valéry Giscard d'Estaing savait bien que le décor de l'élection lui était défavorable : un chômage qui ne cessait de grimper, une inflation qui atteignait 14%, une crise qui s'enracinait. En 1974, les Français avaient élu le plus brillant des ministres des Finances depuis 1958 et qui débordait d'idées neuves et audacieuses pour moderniser l'économie française. Sept ans plus tard, tout allait mal. Le président thaumaturge n'avait pu accomplir aucun miracle et le renfort de Raymond Barre, un expert renommé sur la scène internationale, s'était traduit par un surcroît de cohérence, de compétence, d'autorité mais aussi de rigueur, de sév