Cher Monsieur Barroso,
Je vous écris en ma qualité de responsable de la «direction générale à l’Imagination politique» afin d’attirer votre attention sur un grave danger qui guette la Commission européenne et qui risque, à terme, de remettre en cause son existence même.
Voilà plus d’un an, M. le Président, que la Belgique est sans gouvernement. Or contre toute attente, cette longue privation apeu affecté la vie des gens. Dans cette Belgique sans gouvernement les fonctionnaires sont payés, les retraites versées, les chômeurs indemnisés, le courrier distribué, les ordures ménagères ramassées, les impôts réglés et le budget reconduit d’année en année. Récemment, les Belges se sont offert le luxe d’assurer la présidence semestrielle de l’Union européenne. Pour tout dire, M. le Président, sans gouvernement, la vie en Belgique continue comme avant. Et même, dirais-je, mieux qu’avant, les violentes prises de bec entre politiciens néerlandophones et francophones ayant disparu comme par enchantement après la chute du gouvernement.
Cette logique qui voudrait que les gens se porteraient mieux sans leurs gouvernants ne s’applique d’ailleurs pas à la seule Belgique. En Irak, pays qui aura lui aussi connu une grave crise gouvernementale qui avait, en 2010, duré dix longs mois, des chiffres éloquents (de source militaire américaine, pas moins) montrent clairement que cette année-là aura été pour la population la moins meurtrière depuis 2003. Au Liban, les faits, toujours têtus, démontrent que