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TRIBUNE

En finir avec la «laïcité ouverte»

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par Jean BAUBEROT, Historien, sociologue
publié le 13 mai 2011 à 0h00

Depuis plus de vingt ans, certains militants, intellectuels et groupements laïques affirment que la laïcité ne souffre pas d'être accompagnée d'un adjectif. Ils dénoncent ceux qui en utilisent comme des sortes de traîtres à la laïcité. Dans Libération du 23-24 avril, Henri Pena-Ruiz ravive ce conflit par ce titre : «La laïcité ouverte est insultante». Il affirme que le «principe de laïcité ouverte ou positive» a été «inventé par des théoriciens au sein de la Ligue de l'enseignement», pratiquant allègrement l'amalgame puisque c'est Sarkozy qui parle de «laïcité positive» ! Deux façons de disqualifier ceux qui n'épousent pas sa conception de la laïcité. Je voudrais proposer une piste pour dépasser cette querelle absurde qui stérilise la gauche, au moment où la droite dure et l'extrême droite s'emparent du thème de la laïcité pour masquer leurs propres desseins.

On confond deux niveaux. D’une part, la laïcité comme «idée régulatrice», assise sur quatre principes : séparation de l’Etat et des religions, neutralité arbitrale de l’Etat, liberté de conscience, égalité des droits pour tous. A ce stade-là, elle n’a pas besoin d’adjectif. Mais, selon les époques, les pays, les domaines, elle est conçue et appliquée de façon différente et toujours imparfaite. C’est à ce second niveau qu’une conception étroite de la laïcité s’est trouvée contestée : non pour ses principes eux-mêmes, mais pour son application.

Pour autant, faut-il prendre à son