On ne dira pas ici si Dominique Strauss-Kahn a tenté ou non de violer une femme de chambre au Sofitel de New York. Parce qu'on n'en sait rien, et que condamner sur des présomptions ou sur la réputation est une violence qu'on doit s'interdire de commettre. Mais observer l'attitude choquante adoptée toute la journée de dimanche par les «camarades» socialistes de «Dominique» (le prénom suffit désormais à marquer un parti pris et une solidarité) est un devoir de journaliste et de citoyen.
Pourquoi ? Simplement parce qu'il ne s'agit pas d'un fait divers. L'inculpation, si elle tient, vise un homme politique puissant, suspecté d'avoir commis un acte d'agression sexuelle grave, qui relève avant tout de l'abus de pouvoir. Celui d'un homme qui se présente comme de gauche, et qui aurait agressé une femme d'autant plus vulnérable qu'elle fait le ménage dans un hôtel. Ces éléments donnent à l'affaire un caractère particulier et constitueraient des circonstances aggravantes, sur le plan moral. Au lieu de quoi, ce dimanche 15 mai a donné lieu à des circonvolutions, au PS en particulier, habillé de prudence et comme un seul homme au secours de son candidat vedette. «Ce n'est pas le style de Dominique d'agresser physiquement une femme», a-t-on entendu en boucle. Une formule particulièrement sotte, quand elle n'est pas dégradante pour celle qui, en l'état du dossier d'accusation américain, semble bien victime d'une agression sexuelle.
Personne n'explique en