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Libération
TRIBUNE

Et pourtant, je n’avais pas envie d’en parler

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L'affaire DSKdossier
publié le 18 mai 2011 à 0h00

Dans les années 70, aux plus beaux jours de la deuxième vague féministe, une jeune femme d'origine vietnamienne, Louison, militante du MLF, confie à ses amies qu'elle a été violée. Il lui aura fallu trois jours avant de trouver le courage d'en parler. C'est pour la soutenir que le groupe de militantes décide de dénoncer le violeur dans son propre quartier en affirmant que «la première liberté est celle de dire non».

Quarante ans plus tard, le viol est considéré comme un crime, la lutte contre les violences dont les femmes sont l'objet est devenue «grande cause nationale». Les médias la relaient, le monde politique n'est pas de reste, les slogans fleurissent. Le plus percutant est sans doute «la honte doit changer de camp», accompagné d'une photo d'une femme littéralement prise en main par un homme dans une posture sans équivoque. Et pourtant, quel fut le premier réflexe dans l'affaire Polanski ? L'indignation de voir ce grand cinéaste traité comme un criminel. La solidarité de ses pairs scandalisés par l'acharnement de la justice américaine. Et quelle est la réaction majoritaire autour de l'affaire DSK ? Un sentiment d'horreur face à l'humiliation publique du patron du FMI menotté.

Peut-on aussi imaginer l'humiliation de la victime invisible, celle qui s'est trouvée au mauvais endroit au mauvais moment ? On a entendu dire dans tous les médias qu'il fallait respecter la présomption d'innocence. Normal en effet. Pourtant, les rumeurs récurrentes qui ci