Sidération : depuis la révélation de «l'affaire DSK», la France est en état de choc. Ce que l'on n'arrive pas à croire, c'est qu'un homme de pouvoir aussi haut placé ait pu violer une femme de chambre. Personne, à part les deux protagonistes, ne sait ce qui s'est réellement passé dans la suite du Sofitel new-yorkais. Mais la réception de l'événement raconte quelque chose de profond sur nos représentations. La parole des femmes victimes de violences sexuelles est suspecte. On sous-estime l'ampleur du phénomène, voire sa banalité : un viol a lieu tous les quarts d'heure en France. Une grande confusion domine entre la drague, le libertinage, «l'amour des femmes», d'une part, et le harcèlement, les agressions sexuelles, le viol, d'autre part. «L'homme qui aime les femmes sans modération», titrait un quotidien, au moment où DSK est accusé d'avoir imposé une fellation à une employée d'hôtel et de l'avoir séquestrée. Les stéréotypes sur le profil des violeurs ont également la vie dure : un «homme aussi intelligent» n'aurait pas pu commettre un tel crime, réservé dans l'imaginaire collectif aux milieux populaires. Or les auteurs de violences sexuelles se recrutent dans toutes les catégories sociales. Quel que soit le verdict juridique, c'est l'occasion de briser le silence qui entoure le viol, de dénoncer l'omerta sur les comportements de nombreux hommes de pouvoir qui utilisent leur position pour obtenir des relations sexuelles en écrasant le désir de l'autre. En politique comme da
TRIBUNE
Une affaire qui révèle quelque chose sur nos représentations
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L'affaire DSKdossier
publié le 19 mai 2011 à 0h00
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