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TRIBUNE

DSK ou le caractère insondable de toute vie humaine

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L'affaire DSKdossier
publié le 20 mai 2011 à 0h00

Lorsque ses amis apprirent au réveil, le 7 novembre 1980, que, dans une crise de démence, le philosophe Louis Althusser avait étranglé sa femme dans la nuit, nul doute que leur stupéfaction fut sans commune mesure avec ce qu'ils avaient pu imaginer et redouter depuis des années. Au moment où sont publiées ses Lettres à Hélène (Libération d'hier), sa femme, le souvenir de la tragédie nous rappelle non seulement combien tout passage à l'acte est inattendu et brutal, mais aussi les relations qu'il brise et qu'il emporte avec lui. Sans doute les actes ne sont-ils pas comparables et, à supposer que la justice apporte la preuve des faits dont Dominique Strauss-Kahn est accusé, sa santé mentale n'est pas en cause et rien de tel ne saurait en minimiser la gravité, mesurée à l'aune des souffrances, morales et physiques, qui sont celles de toute victime d'une agression sexuelle. Pour autant, si tout cela était avéré, une question ne cesserait de nous hanter, comme probablement elle existe déjà dans le cœur secret de ses amis : comment un homme parvenu au sommet du pouvoir et promis aux plus hautes destinées, un homme dans lequel des millions de militants, de sympathisants et d'électeurs de gauche, lassés d'une politique injuste et agressive, avaient mis tout leur espoir, a-t-il pu, si c'est le cas, tout compromettre, en quelques minutes, dans sa chambre d'hôtel, en commettant l'irréparable.

Lorsque les uns et les autres rappellent que de tels actes ne correspondent pas à l’hom