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Libération

Quand l’interview politique tourne cour

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L'affaire DSKdossier
Plus que les hommes, les femmes reporters doivent imposer une distance avec leurs interlocuteurs.
publié le 21 mai 2011 à 0h00

Reprenons les postulats, jouons-le à l'anglo-saxonne : une journaliste politique, en France, peut-elle exercer son métier sans subir les assauts des hommes politiques ? A les entendre, la réponse est sans équivoque. Oui, si l'on sait gérer cette forme de pression. C'est sûr, il faut parfois repousser des avances appuyées, comme le raconte Ghislaine Ottenheimer, de Challenges. «Quand j'avais 20 ans et que je suivais le RPR, c'était assez lourdingue. Je me souviens encore, lors d'un déplacement, de Chirac hurlant à la cantonade : "Eh Ghislaine, c'est quoi votre numéro de chambre ?" Cela relevait plus du marivaudage. Aujourd'hui, c'est plus sain, les journalistes politiques ont une vie privée en dehors de ce milieu.»

«On a toutes été l'objet de tentatives de drague plus ou moins lourdes de la part d'hommes politiques. Beaucoup ont un sentiment de puissance qui fait qu'ils sont plus portés sur la chose que d'autres. Ils sont adulés dans leur mairie, leur circonscription, et ils pensent que ce sera pareil avec les journalistes, explique Vanessa Schneider, grand reporter à Marianne, ex-journaliste politique à Libération. Après, chacune développe ses armes pour envoyer les signaux les plus neutres possibles. Moi, j'ai deux règles de base : toujours poser mon cahier sur les genoux pour montrer que je suis là uniquement pour bosser et ne jamais répondre aux questions personnelles. Quitte à passer pour quelqu'un de désagréable. Je ne fai