Samedi 11 octobre 2008. Une salle sans fenêtre du Sofitel de Washington. Christine Lagarde sort d'une réunion marathon du premier G20 finances depuis l'effondrement de la banque Lehman Brothers. Les traits tirés, l'air épuisé, elle se laisse tomber sur une chaise. La poignée de journalistes attend qu'elle rejoigne son pupitre pour tenir une petite conférence de presse de débriefing. En vain. La ministre de l'Economie ne bouge pas. La conversation s'engage. Question : «L'hommage que vous a rendu le président de la République depuis Colombey-les-Deux-Eglises vous a-t-il fait plaisir ?» Long silence. Et Lagarde de lâcher un énorme «oui», plein de soulagement. La larme à l'œil, Lagarde sait à cet instant qu'elle vient de sauver sa tête.
Odeur de sainteté. C'est que, depuis plusieurs semaines, les porte-flingues du sarkozysme n'avaient pas de mots assez durs pour railler les bourdes de l'ex-avocate d'affaires de chez Baker & McKenzie. Et son inanité politique. Un jour, elle recommande aux Français de prendre leur vélo pour faire face à l'envolée du prix de l'essence. Un autre, elle assure très sérieusement que «le plus dur de la crise est derrière nous». La veille de son arrivée à Washington, une rumeur de presse annonce son débarquement immédiat. A l'Elysée, il n'y a guère que l'ex-journaliste Catherine Pégard, amie d'enfance de la ministre, qui ose encore la défendre.
Deux jours plus tard, à la fin de la conférence de presse de Nicolas