Il fallait s’y attendre : à peine la tragédie Strauss-Kahn avait-elle éclaté que les véritables coupables ont été montrés du doigt. Il s’agissait naturellement des journalistes politiques français, ces pelés, ces galeux qui, s’ils avaient fait convenablement leur métier auraient éclairé à l’avance leurs concitoyens sur le cas DSK. C’est la thèse qu’ont soutenue d’honorables collègues anglo-saxons et quelques journalistes hexagonaux spécialisés dans le rôle d’accusateurs publics. Il ne s’agit pas de prétendre que les journalistes politiques français sont parfaits et ont trouvé la martingale permettant de résoudre les contradictions si complexes entre vie privée et vie publique. Encore faut-il se débarrasser de quelques idées fausses et de quelques faux procès.
La première hypocrisie consiste à feindre de croire qu'en France tout est mis en œuvre pour protéger la vie privée des hommes publics. S'il est exact que la législation demeure plus protectrice qu'ailleurs, la pratique, elle, ressemble de plus en plus aux mœurs en vogue outre- Atlantique, outre-Manche ou outre-Rhin. Les personnalités politiques sont de plus en plus épiées et piégées : sites Internet, presse people, paparazzi mais aussi enquêtes, articles et livres. La presse politique française est longtemps restée plus janséniste que les autres. Cette période-là est révolue. Que l'on songe à l'affaire Woerth, à l'affaire Villepin, aux multiples scandales financiers, aux rapports orageux des couples Nicolas-Cécilia ou Fr