L'affaire DSK ne serait pas aussi passionnante si elle ne révélait la contradiction profonde qui saisit chacun au point de sans cesse changer d'avis, et particulièrement à gauche : cette contradiction, incarnée par le corps même du délit de DSK, tient à la question sous-jacente à ce suspense politico-sexuel : qu'est-ce qu'être de gauche ? Elle ne s'est jamais tant posée que dans le point de vue antagoniste du Libération du 12 mai, qui oppose les deux tendances fondamentales du progressisme : d'un côté la gauche libérale, pro-DSK, assumée par Marcela Iacub ; de l'autre, la gauche morale, proféministe, de Clémentine Autain. Or, ces deux points de vue, pour motivés qu'ils soient, apparaissent irréconciliables. Ce faisant, ils affaiblissent le poids de la gauche dans ce pays dominé par la peur.
Pour Iacub, le crime de DSK n'en est pas un : en bonne libérale, elle considère que la pénalisation de la sexualité est le crime premier. Celle-ci s'est aggravée, précise-t-elle, sous l'action même des socialistes qui ont troqué leur fibre fouriériste contre une moralisation et un familialisme culminant en la personne de Ségolène Royal. Iacub, pour qui la sexualité est toujours «libre», estime à juste titre que le geste de DSK ne mérite en aucun cas soixante ans de prison. Elle ferme néanmoins les yeux sur les faits, au nom de leur flou supposé, mais surtout du déséquilibre entre l'acte et son châtiment juridique exorbitant. Or, en faisant l'impasse sur la contrainte objective du