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Libération
TRIBUNE

Politiques sur le divan et vide démocratique

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par Roland Gori, Psychanalyste et universitaire et Fabrice Leroy, Psychanalyste et universitaire
publié le 1er juin 2011 à 0h00

Coucher les politiques sur le divan : une psychanalyse sous contrainte ? Un soin sans consentement ! Peu de temps après une réforme désastreuse de la psychiatrie pour les praticiens du soin psychique et pour les patients, instaurant - entre autres - les soins sans consentement jusqu’au domicile, on voit se répandre dans différents médias des «experts» de la psychanalyse déverser des interprétations sauvages d’un fait divers aussi tragique que spectaculaire.

Voilà le type de propos d’allure «savante» qui, de notre point de vue, font grand tort à la psychanalyse en la transformant en homme à tout faire de la morale et de l’idéologie. L’affaire Dominique Strauss-Kahn, douloureuse, tragique, sidérante, aurait mérité mieux de la part de nos amis psys que cette «lecture directe» des faits et comportements broyés par les médias et par un savoir «expert» devenu pièce à charge d’un dispositif d’humiliation politique.

L’éthique et la méthodologie de la psychanalyse proscrivent l’interprétation sauvage et directe des propos et des actes d’une «personne» transformée en «patient», sans ses propres associations dans une situation particulière de soin. Bref, l’un de nous s’est déjà exprimé sur ce sujet (1), vouloir faire l’analyse d’un personnage politique est un leurre et dans ce cas particulier un leurre dangereux pour la démocratie.

Ces psychanalyses sauvages des hommes politiques participent au divertissement et aux jeux de cirque que chérissent nos démocraties d’opinion, démocraties reco