Professeur de sociologie à l’université de Cambridge et cofondateur de la maison d’édition Polity Press, John B. Thompson est l’auteur du livre de référence sur les scandales politiques (1).
Les scandales sexuels sont-ils différents des autres ?
Tous les scandales ont des traits communs. Par exemple, ils impliquent tous la révélation par les médias d’actes ou d’événements jusque-là cachés, qui transgressent certaines valeurs ou normes et qui, dès lors qu’ils sont rendus publics, provoquent la condamnation ou la colère. Mais hormis ces traits communs, chaque type de scandale possède ses caractéristiques propres. Certaines sociétés accordent plus d’importance que d’autres aux scandales sexuels, en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis beaucoup plus qu’en Europe et en Amérique latine, où les scandales politiques sont davantage liés à l’argent et au pouvoir. Mais cela ne signifie pas que les scandales sexuels n’existent pas en France ou en Italie… Les scandales d’argent et de pouvoir sont potentiellement plus dangereux sauf si le scandale sexuel comporte une dimension criminelle ou des transgressions de second ordre, par exemple un mensonge sur l’origine du scandale, comme ce fut le cas dans l’affaire Lewinsky.
Quel est le rôle des médias dans ces scandales sexuels ?
Les médias ne se contentent pas de rapporter de façon neutre des scandales qui existeraient indépendamment d’eux. Au contraire, les médias sont toujours en partie constitutifs des scandales. Et les médias alimentent le scandale en produisant un flux continu d’informations et de révélations.
Les médias ont-ils raison de publier des informations ou des suppositions sur la vie sexuelle des responsables politiques ?
Cela renvoie à la question du droit à la