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Libération
TRIBUNE

Cette obscure envie de 21 avril

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par Jean-Philippe Domecq, écrivain et Michel CIMENT, critique et historien du cinéma
publié le 7 juin 2011 à 0h00

Comme en 2002 et 2007, la présidentielle de 2012 n’est pas perdable pour la gauche, sauf par elle-même. Elle en reprend le chemin, quels que soient son leader et son programme, par cette pente typiquement de gauche qui lui valut, en deux siècles de République, d’être au pouvoir dix fois moins que la droite. C’est qu’au fond de la mentalité de gauche, il y a que le pouvoir salit. Il est vrai qu’assumer les intérêts contradictoires qui font une société, ce n’est pas l’idéal pour la «belle âme» d’autrefois, aujourd’hui le radical gauchisme qui n’attend rien que d’être «déçu». D’où ce qu’il faut bien appeler la sottise stratégique de gauche. A ceux que heurte ce mot de «sottise», rappelons les faits. Les gauchistes de Nader privèrent Gore d’une victoire sur Bush, ainsi purent-ils vomir Bush à loisir pendant huit ans. Obama ? Il lui faudra tout son art politique pour les convaincre qu’il faut toujours des compromis symboliques afin de ne pas compromettre les priorités transformatrices. En Italie, la gauche de la gauche lâcha la première coalition Prodi qu’elle trouvait trop à droite, ainsi ramena-t-elle Berlusconi, bravo ! En France, ce qui nous valut le suicidaire 21 avril n’est pas le programme de Jospin, qui ne proposa certes que son bilan, mais cela gardait une autre tenue que les deux grosses ficelles de Chirac qui, en tout et pour tout, proposa une baisse d’impôts de 30% (!) et une présidence de ministre de l’Intérieur. Programme de fainéant, bilan néant.

On aurait donc dû g