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Libération

Luc Ferry, le populiste mondain

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publié le 9 juin 2011 à 0h00
(mis à jour le 9 juin 2011 à 11h01)

Luc Ferry est très content de lui. Il se félicite d'avoir «jeté un pavé dans la mare». Il s'autocongratule d'avoir mis en cause au Grand Journal de Canal + un ancien ministre qui s'est, selon lui, «fait poisser à Marrakech dans une partouze avec des petits garçons». Il assure avoir été informé par les «plus hautes autorités de l'Etat». Il considère que ceux qui ne lui emboîtent pas le pas sont des «faux-culs». Le philosophe le plus institutionnel de France, l'intellectuel de haute volée qui accumule le plus d'honneurs, de charges officielles et de succès éditoriaux, l'ancien ministre de l'Education nationale de Jacques Chirac se comporte ici en populiste mondain, jouant de la rumeur, de la médisance ou de la calomnie devant des millions de téléspectateurs comme s'il s'agissait d'attirer l'attention et d'aiguiser les curiosités les plus frivoles et les plus malsaines au troisième plat d'un dîner mondain, quand le whisky et le bordeaux ont désinhibé les langues. Voilà Luc Ferry, voilà l'illustre spécialiste de Heidegger, de Kant et de Nietzsche qui s'engage dans la société de la défiance, du soupçon et de la délation. A l'opposé de toutes les valeurs qu'il prétend défendre.

Luc Ferry n'est pourtant pas le premier venu. Qui d'autre que lui peut se présenter dans le Who's Who comme à la fois «philosophe, universitaire, homme de lettres, homme politique» ? Qui peut avoir présidé pendant près de dix ans le Conseil national des p