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Libération
TRIBUNE

Défendre les précaires, les femmes, les minorités…

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publié le 10 juin 2011 à 0h00

Cynisme électoral, trahison de classes, Boboland contre les prolétaires… Une vive polémique - l'article de Frédéric Sawicki en est un nouveau témoignage - a accueilli le dernier rapport de Terra Nova : nous proposerions à la gauche de «dire adieu» aux classes populaires. Rien n'est plus absurde. Cette polémique révèle toutefois un impensé fondamental : les classes populaires (ouvriers, employés) sont toujours au cœur électoral de la gauche mais ce ne sont plus les mêmes qu'en 1981.

Dans la société du plein-emploi d'hier, les classes populaires étaient toutes au travail, unifiées autour du monde ouvrier. Dans la société de crise d'aujourd'hui, une ligne de fracture les divise. Il y a, d'un côté, les classes populaires intégrées : elles ont un emploi stable, en CDI, mais, travaillées par la crise, elles ont peur du déclassement et sont tentées par le repli identitaire. Une partie de cet électorat, qui votait hier communiste, a basculé Front national. Il y a, de l'autre côté, une population nouvelle, qui n'existait pas sous les Trente Glorieuse : les classes populaires déclassées, outsiders sortis du marché du travail, victimes du précariat, du chômage, de l'exclusion. On y trouve les habitants des quartiers populaires, les minorités, les jeunes peu quali