En proclamant à trois reprises «je voterai François Hollande», Jacques Chirac a crispé quelques visages socialistes mais il a rendu un fier service à l'actuel président du conseil général de Corrèze. Il a ainsi mis l'accent avec la désinvolture ironique des vieux messieurs fatigués sur ce qui fait la spécificité de François Hollande, sur ce qui en fait un candidat profondément anormal, son don de sympathie.
C’est en effet une arme beaucoup plus rare qu’on ne l’imagine au sein du personnel politique. Le général de Gaulle impressionnait, Georges Pompidou en imposait, Valéry Giscard d’Estaing brillait, François Mitterrand séduisait et intimidait, Jacques Chirac entraînait mais possédait lui aussi ce don de sympathie qui le rend rétroactivement si populaire. C’est donc en connaisseur qu’il salue François Hollande. Il ne se rallie pas à son panache rose, il rend hommage à sa cordialité et à son humanité.
Il était temps que quelqu’un le fasse. La chance de François Hollande est que cela se soit produit au cœur du vide politique de la Pentecôte et que cela sorte d’une bouche inattendue et d’une voix portant plus loin que les autres. Le retentissement a donc été disproportionné. François Hollande en avait besoin. Il commençait en effet à être victime de trois facteurs redoutables : la légitimité de Martine Aubry, l’habituelle sous estimation dont il est l’objet de la part de ses rivaux et l’erreur tactique qui avait été la sienne en se présentant comme un candidat «normal».
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