Menu
Libération
décryptage

«Eva Joly est devenue la vertitude incarnée»

Article réservé aux abonnés
Nicolas Hulot et Eva Joly. (© AFP Pierre Verdy)
publié le 30 juin 2011 à 10h57
(mis à jour le 30 juin 2011 à 12h50)

Erwan Lecoeur est sociologue et auteur de «Des écologistes en politiques» (Ligne de repères, Paris 2011).

Comment expliquer le fait qu’Eva Joly devance Nicolas Hulot ?

Beaucoup de sondages avaient fait l’erreur fondamentale de demander aux Français ou à de simples sympathisants écologistes de se mettre dans la peau de militants ou d’adhérents. Il y a un hiatus entre la sympathie des Français pour les écologistes et leur très faible niveau de vote et d’engagement. Ce ne sont pas les mêmes personnes, elles n’ont pas les mêmes motivations.

Pour quelles raisons ?

Il y a une grande différence entre eux. L'écologie n'est pas encore considérée comme un sujet fondamental central, mais comme un «supplément d'âme» par une majorité de Français. Le sympathisant-écologiste-non-électeur n'est pas en phase avec le sympathisant-électeur-militant, qui est davantage dans une culture d'«opposition au monde tel qu'il est». Or, Eva Joly, avec son image de juge d'instruction qui s'est attaquée au monde des puissants et porte haut les valeurs d'éthique et de morale en politique, a su répondre à cette attente des militants. Nicolas Hulot a été handicapé par son image de quelqu'un qui a réussi dans ce système médiatique, donc qui n'est pas tout à fait en rupture.

Est-ce un repli des écologistes ?

Pour les militants verts - anciens, actuels, mais aussi pour les nouveaux qui, comme les nouveaux convertis, se vivent comme des miss