Benoît Thieulin est le patron de l’agence internet Netscouade. Il fut en 2007 le responsable de la campagne web de Ségolène Royal. Il avait ensuite participé à la création de la Coopol, le réseau social du parti socialiste. Aujourd’hui, il apporte son aide à l’équipe de campagne d’Arnaud Montebourg.
Comment le professionnel d’Internet que vous êtes analyse-t-il l’attaque contre Martine Aubry, et la mise en cause du Web par les politiques comme vecteur de rumeurs ?
On est à nouveau dans le net-bashing. Cela ne révèle qu'une chose du rapport de ces gens à Internet : ils n'y vont pas. On a affaire, sur ces attaques, à une génération qui maîtrise assez peu les réseaux sociaux. Moi-même, je ne suis pas un net-optimiste absolu. Mais les rumeurs sont nées avec la politique. L'affaire du collier de la reine a foutu la monarchie en l'air : dans tout Paris, des chansons ridiculisaient Marie-Antoinette.
N’est-il pas vrai, cependant, que l’effet viral des rumeurs est beaucoup plus fort sur Internet ?
C’est certain. Twitter, par exemple, est un chaudron où les infos sont déversées et commentées. De nombreuses infos sont sorties là avant de sortir sur les grands médias : mort de Michel Jackson, affaire Jean Sarkozy… Certes, ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas de fausses infos. Mais la nouveauté, c’est qu’elles sont très rapidement corrigées par d’autres internautes. La semaine dernière, la rumeur de la mort de Barack Obama diffusée par un faux compte Twitter de Fox News n’a duré que quelques dizaines de secondes. De plus, avant Internet, les rumeurs se colportaient aux comptoirs, dans les dîners en ville : difficile de les identifier, de les contrer. Internet accélère leur diffusion, mais les révèle et les «territorialise» aussi : On peut voi