Elle était victime parfaite et parfaitement ennuyeuse, Nafissatou 1, avec, en guise de parure, ces édifiants emblèmes qui font les saintes causes. Immigrée d’Afrique noire, veuve esseulée dans la grande ville, bonne mère saignée aux quatre veines, travailleuse courbée sous le poids de ses multiples tâches, croyante agenouillée au chevet de l’islam. Pauvrette à la moralité étincelante et femme de chambre immaculée par le nettoyé répété des saloperies constitutives des hommes, blancs, riches, Wasp et juifs mêlés…
Elle est devenue plus complexe et plus intrigante, Nafissatou 2, quand sa statue s’est fissurée. Au milieu des débris, on a trouvé des caractéristiques censément moins idylliques et une humanité tout aussi humaine. Oui, oui, une Black peut mentir. Une Guinéenne inculte peut user de stratégies sioux pour frauder les services d’immigration. Une solitaire peut faire alliance avec un trafiquant de drogue et servir de prête-nom pour du blanchiment d’argent. Une trentenaire peut utiliser le sexe pour se constituer un patrimoine, et pas seulement en se mariant avec un beau parti. Ou «pire» encore, une femme peut se laisser conduire par sa sexualité compulsive, à l’égal de ces grosses bestiasses masculines.
Ensuite, il faut bien reconnaître que Nafissatou 1 comme Nafissatou 2 n’existent pas en l’état mais qu’elles peuvent avoir été violées. L’une et l’autre. Ou ne pas l’avoir été, ni l’une ni l’autre… Et que l’enquête de personnalité ou l’argument psychologique ne sont en rien