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Libération
EDITORIAL

Piège

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publié le 18 juillet 2011 à 0h00

L'argument massue de la droite a été formulé clairement et sera ressorti aussi souvent que nécessaire d'ici l'élection présidentielle : la zone euro traverse une crise gravissime, les Etats sont sous surveillance des agences de notation, rien de ce qui pourrait menacer le triple A de la France ne saurait même être évoqué. Et parmi les plus graves périls en la matière, se trouve évidemment le projet socialiste… Cette variation sur le thème éculé de la supposée nullité de la gauche en matière économique, alors que la droite serait, elle, bonne gestionnaire et raisonnable, ne résiste pas à un examen, même rapide : il suffit de jeter un coup d'œil aux finances publiques et, sur un autre registre, de mesurer l'impuissance de la France à créer le consensus avec ses partenaires européens pour sauver la Grèce. Mais plus grave, alors que démarre l'élection reine de la Ve République, cette accusation revient de fait à interdire tout débat politique. Et à admettre, en dépit des coups de menton et des vibrants discours sur l'immoralité du capitalisme, que ce sont Moody's, Fitch et Standard qui feront l'élection du prochain président. Pourquoi même voter en 2012 si tel est le scénario, écrit d'avance ? Les socialistes peuvent sortir de ce piège en jouant pleinement le jeu de la primaire. Aux uns et aux autres de déterminer leurs priorités - jeunesse, culture, emploi, fiscalité -, et de décrire les leviers budgétaires qu'ils comptent activer pour les réaliser. Car, au moment où