Si l'on en croit les premiers éléments biographiques, le tueur norvégien présumé Anders Behring Breivik passait énormément de temps sur Internet. Familier des jeux en réseau, auteur compulsif de posts sur Facebook, habitué des forums d'extrême droite, il semble avoir puisé une bonne partie de son idéologie islamophobe et opposée au multiculturalisme sur le Web. C'est d'ailleurs via Facebook qu'il a envoyé son manifeste «2083, une déclaration européenne d'indépendance» à 5 700 personnes avant de commettre son massacre. Ce texte volumineux (1 518 pages) est aux trois quarts composé d'articles glanés sur le Net et la quasi-totalité des notes bibliographiques renvoient à des pages Web. Les principaux concepts qu'il y développe n'ont rien de personnel et font partie de la langue courante de toute l'extrême droite européenne. On y parle d'«Eurabia» (invasion supposée de l'Europe par les musulmans), de «dhimmitude» (soumission à l'islam) ou des «Indigènes» pour désigner les Européens «de souche» (par opposition aux allogènes).
«Pogroms». Depuis une dizaine d'années, Internet est devenu le lieu privilégié de diffusion et d'échange autour de ces idées. Tous les courants de l'extrême droite y sont représentés sans véritable unité idéologique. En France, on parle de «réacosphère» - eux se définissent comme «réinfosphère» - pour désigner l'ensemble de ces sites. La fusillade d'Utoya y a suscité de nombreux commentaires. Notamment sur Fdesouche.