Face à la nef majestueuse de la cathédrale de Reims, fonts baptismaux de la royauté française, des soupirs d'admiration s'échappent. Mais une militante se rappelle à son devoir : «C'est quand même l'opium du peuple.» Entre deux distributions de tracts jeudi, la caravane d'été de Lutte ouvrière a fait une pause touristique dans la cité des sacres. Sous la statue de Clovis, Julien, 34 ans, prof de maths et militant depuis le lycée, déroule un cours d'histoire, option Trotski. Il raconte l'alliance entre l'Eglise et la royauté, «un accord gagnant-gagnant, aurait dit Ségolène Royal», et la naissance de cette classe des bourgeois - «les habitants des bourgs» - aux alentours de l'an 1000.
Fleurs de lys. La rénovation de la cathédrale, avec la reconstruction des fleurs de lys abattues lors de la Révolution, financée par Rockefeller après la Première Guerre mondiale fait gloser : «Mille ans ont passé mais les bourgeois sont toujours les mêmes», constate un militant.
Sous un petit chapiteau rouge bardé de sigles LO, les panneaux frappés de slogans fleurissent. Pour que les banques payent, pour l'interdiction des licenciements, contre le capitalisme… La vingtaine de militants qui a fait le déplacement arraisonnent les passants. Ils sont venus de Paris, de Seine-Saint-Denis, de l'Aisne. La crise leur donne du grain à moudre. «Les gens ont compris qu'on allait leur faire payer la note», explique Anne Zanditénas. La quarantaine