Jean-Paul Fitoussi est économiste et professeur à l’Institut d’études politiques de Paris. Il est aussi membre du Conseil d’analyses économiques auprès du Premier ministre depuis 1997.
Comment jugez-vous les propositions du PS ?
Il y a des mesures qui apparaissent bonnes parce qu’elles remédient à certains problèmes de notre société. Mais on ne voit pas dans quel programme de long terme elles s’inscrivent. On n’arrive pas à percevoir quel avenir elles dessinent. L’élection présidentielle est suffisamment importante pour qu’on exige des candidats qu’ils mettent en œuvre un programme global et non pas quelques mesures d’ingénierie sociale. Qu’il faille une réforme fiscale, tout le monde le sait. Mais c’est dommage que la priorité semble être seulement de réduire la dette, plutôt que de construire un meilleur avenir pour les populations.
La gauche traîne une réputation de manque de sérieux dans la gestion économique…
Cette réputation n'est pas justifiée. La politique d'adaptation à la contrainte extérieure [de rigueur, ndlr], celle du franc fort et l'amorce d'un rééquilibrage des finances publiques ont été conduites sous des gouvernements socialistes, ceux de Pierre Mauroy, Pierre Bérégovoy et Lionel Jospin. Si de telles politiques sont considérées comme sérieuses par certains, elles peuvent aussi être considérées comme partielles et partiales : elles ont conduit à s'accommoder du déséquilibre le plus grave en une démocratie, le chômage de masse. On peut se demander si la priorité, dans un pays aussi riche que la France, est réellement de réduire les dépenses publiques au risque d'aggraver le