Le 22 mars 1988, François Mitterrand annonçait dans une «Lettre à tous les Français» qu'il briguait un nouveau mandat présidentiel. Avec sa lettre intitulée «Je veux vous parler de la France», Martine Aubry s'est visiblement inspirée de cet illustre précédent.
La candidate socialiste a donc choisi la formule d'une lettre-programme de huit pages, tirée à un million d'exemplaires (1), pour un coût de 26 000 euros, payés par les parlementaires qui la soutiennent. A trois jours de l'université d'été du Parti socialiste à La Rochelle, elle a ainsi pris de court son principal rival pour l'investiture socialiste, François Hollande, dont le livre en préparation (2), a pris quelques semaines de retard. Quant à Ségolène Royal, elle a opté pour une formule hybride : un petit livre de 150 pages, titré Lettre à tous les résignés et indignés qui veulent des solutions (3).
Destinée en principe aux sympathisants de gauche invités à participer à la primaire socialiste, la lettre de Martine Aubry s'adresse en réalité à un électorat beaucoup plus large, à la manière d'un document de campagne de second tour. «Ma France, c'est celle que nous enseignent nos instituteurs et nos professeurs, et que m'ont transmise mes parents», écrit-elle, évoquant tour à tour la politique économique, culturelle, la laïcité et l'avenir de la planète. «Présidente de la République, je proposerai à nos partenaires de prendre des mesures pour une croissance durable et riche en empl