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60% des Français pour la règle d'or. Vraiment?

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La mesure proposée par le gouvernement n'est pas aussi populaire que ce qu'indique le sondage CSA publié jeudi.
publié le 25 août 2011 à 18h51
(mis à jour le 26 août 2011 à 14h42)

C'est un chiffre qui claque comme un succès pour Nicolas Sarkozy: 60% des Français approuveraient la «règle d'or», selon un sondage de l'Institut CSA publié jeudi par 20 Minutes, BFM TV et RMC (1). Un tel score, en apparence, valide la tactique du président cherchant à s'afficher en vertueux gestionnaire face à des socialistes laxistes et irresponsables. Mais en apparence seulement. Comme souvent avec les sondages, il faut en passer par une analyse serrée de la question soumise, des résultats précis et du tempo du débat politique. Eléments de décryptage.

Une question à rallonge et complexe

Comme toute question soumise à un panel, la formulation n'est pas sans effet sur les réponses elles-mêmes. Et sur un sujet aussi complexe, la simple rédaction est en soi un défi. Dans le cas présent, la voici:

Un projet de loi a récemment été voté au Parlement pour introduire dans la Constitution française le principe d'une règle d'or budgétaire. Cette règle d'or prévoirait un retour à l'équilibre budgétaire d'ici 3 ans à partir de 2013 et s'imposerait donc aux budgets de l'Etat votés chaque année au Parlement. Vous, personnellement, approuvez-vous ou désapprouvez-vous cette mesure?

Vous n'avez rien compris? Relisez donc doucement. Et imaginez que cette question est posée au téléphone (au milieu d'une série d'autres) à des sondés sélectionnés selon la méthode rituelle des quotas. Miracle – habituel – de l'exercice: seul un sondé sur dix préfère ne pas se prononcer et avouer qu'il va réviser fissa le droit constitutionnel, plancher sur les règles de Maastricht. Voire simplement respirer ou raccrocher au nez de l'enquêteur. Les sondés préfèrent souvent répondre au pif que d'avouer leur ignorance.

«Ecrire une question sur la règle d'or est un casse-tête, explique Yves-Marie Cann, directeur d'étude à CSA. On est obligés de donner un minimum d'infos sur la question, mais s