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Libération
TRIBUNE

L’indignation virtuelle : une exception française ?

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publié le 25 août 2011 à 0h00

La France, avec Stéphane Hessel, a trouvé la formule : indignez-vous ! Mais chez nous, l'indignation est restée plus virtuelle ou abstraite que réelle. Faute de s'être à ce jour transformée en action, elle est demeurée un cri. Ailleurs, l'idée et parfois le mot même d'«indignés» sont repris par des acteurs qui s'engagent concrètement. En Espagne, avec les indignados, en Italie avec le popoloviola, apparu quelques mois plus tôt, la mobilisation rejette la tentation de la violence, elle est fondamentalement démocratique. Elle en appelle à la justice sociale sur fond de rejet des partis et des pouvoirs politiques, et de mépris vis-à-vis de Silvio Berlusconi et de José Luis Zapatero. En Israël, le puissant mouvement qui vient de se déclarer charrie des significations relativement proches : un vif sentiment d'injustice sociale, une critique du pouvoir, de la politique libérale de Benyamin Netanyahou, et de la corruption, de fortes attentes vis-à-vis d'un Etat dont on voudrait qu'il redevienne un Etat providence. En Grèce, une large partie de la population s'est mobilisée en opposition aux mesures économiques drastiques imposées par le FMI et l'Union européenne pour éviter au pays le défaut de paiement.

Dans le monde arabe et musulman, des aspirations du même ordre sont dominées par des dimensions politiques centrales, et explicites, avec les révolutions du printemps, mais aussi, plus tôt, avec la contestation de la tricherie organisée par le pouvoir des