Qu’est-ce que mentir ? Le document de vingt-cinq pages émis lundi 22 juillet par le bureau du procureur de New York Cirus Vance Jr. recommandant l’abandon des charges contre Dominique Strauss-Kahn prononcé le lendemain, contient sur ce sujet quelques enseignements profonds.
L'un de ses aspects les plus fascinants est de révéler que les mensonges de Nafissatou Diallo sont le plus souvent «inexplicables», écrit-il. Ces mensonges, en effet, n'ont pas de rapport avec l'agression elle-même ; ils ne servent pas à enfoncer DSK ; en fait, ils ne servent à rien. L'exemple le plus spectaculaire concerne le récit de son prétendu viol collectif en Guinée par un groupe de soldats. Il s'agit très probablement d'une fable fournie par son passeur clandestin lors de son arrivée aux Etats-Unis et apprise par cœur en vue de l'examen de son dossier de réfugiée politique. Mais, à l'époque où elle fait sa demande, Diallo choisit de laisser tomber cette fable, qui ne figure donc nulle part et dont nul n'a entendu parler. Inexplicablement, cependant, lors d'un entretien le 30 mai 2011 dans le bureau du procureur, alors que son propre avocat est absent, elle raconte spontanément cette histoire avec force détails et larmes - avant de se rétracter huit jours plus tard. «Lorsqu'on lui demande pourquoi [elle a inventé cela, écrit le procureur], elle répond avoir menti par crainte de livrer une version différente de celle fournie dans sa demande [de statut de réfugiée politique]