Ceux qui avaient l'habitude de lire Pierre Rosanvallon dans les années 80 et 90 et auraient eu la mauvaise idée d'arrêter pourraient connaître un léger choc en ouvrant la Société des égaux, le nouvel essai qu'il fait paraître dans quelques jours avec l'intention avouée de donner, à l'approche d'une élection déterminante, du sérieux grain à moudre à l'ensemble de la classe politique et, plus encore, à tous les citoyens concernés. Non pas que les élections soient importantes au point de prétendre résumer seules la démocratie, c'est même tout l'inverse que s'emploie à montrer depuis dix ans au moins cet historien ex-syndicaliste désormais professeur au Collège de France. Elles offrent néanmoins un moment particulier pour le débat public dont on ne peut que souhaiter qu'il soit nourri par de trop rares livres tenant, comme celui-ci, la double ambition de proposer une pensée inédite et un véritable engagement.
Contre-pouvoirs. Et si Pierre Rosanvallon a changé depuis ces années 80, durant lesquelles il créa et anima aux côtés d'universitaires, de grands patrons, de hauts fonctionnaires, de journalistes aussi, de gauche et de droite, la Fondation Saint-Simon, il est demeuré fidèle à cette idée d'engagement intellectuel. Léger choc possible donc pour certains qui pourraient s'étonner en parcourant la Société des égaux ou en en tombant sur quelques noms cités lors de l'entretien qu'il nous a accordé (Kropotkine, Orwell…). Ce serait oublier la premiè