La scène se passe en juin au Sénat. Un spécialiste de l'opinion présente les résultats d'une étude sur le moral des élus locaux au groupe socialiste. A la fin de l'exposé, l'ancien ministre de la Justice de Mitterrand, Robert Badinter, sénateur des Hauts-de-Seine, résume : «Je n'ai pas compris tous les détails mais il me semble qu'ils ne sont pas très contents !» En plus de capitaliser sur leur dynamique lors des derniers scrutins intermédiaires, les socialistes comptent beaucoup, pour faire basculer le Sénat, sur le ras-le-bol des maires des petites communes, ce tissu d'élus ruraux qui ne se revendiquent ni de droite ni de gauche, mais qui constituent traditionnellement le vivier électoral de la droite aux sénatoriales.
La réforme territoriale, les dernières mesures d'austérité, «les transferts de responsabilités sans transferts de moyens et le manque de considération de Sarkozy pour ces élus va peser», analyse Christophe Borgel, le «monsieur élections» du PS. «Le pouvoir de la droite est ébranlé, mais est-ce qu'il y aura jacquerie ou pas, c'est la question», se demande le député de Paris, Jean-Christophe Cambadélis. Le PS place aussi pas mal d'espoir dans les listes dissidentes de droite.
«Bluff». Prendre le Sénat à huit mois de la présidentielle, tous les socialistes en rêvent mais aucun n'ose (plus) vraiment le dire. Depuis cet hiver, le ton a changé : après avoir clamé, au futur puis au conditionnel, que la prise du Sénat serait la premi