Sarko m'a tuer : la phrase originale est d'Yves Bertrand, ancien directeur des Renseignements généraux ; la faute de grammaire de Fabrice Lhomme et Gérard Davet. Sans le savoir, c'est cet ex-flic chiraquien qui a mis ces deux journalistes du Monde sur la piste du livre qu'ils publient ce jeudi. L'idée est aussi simple qu'efficace : rencontrer une vingtaine de personnes qui, toutes, estiment avoir été professionnellement, et parfois psychologiquement, brisées par le Président.
A l'arrivée, une enquête qui donne le sentiment d'avoir été menée par Robert Altman et se lit comme un Short Cuts de l'investigation, un ouvrage conçu en forme de galerie de portraits bien sentis et nourris ça et là d'informations inédites. La plus spectaculaire étant, sans conteste, celle qui fait la manchette de Libération : la révélation par la juge Isabelle Prévost-Desprez de ce qu'aurait entendu sa greffière de la bouche de l'infirmière des Bettencourt à propos de remises d'espèces à Nicolas Sarkozy. Si le livre vaut d'abord pour cette information de poids - qu'un magistrat intervienne de la sorte publiquement dans un dossier et accuse le président de la République -, il serait dommage de l'y réduire.
Sarko m'a tuer se présente, en effet, comme une enquête originale, une manière trop rare de pratiquer le journalisme dit, un peu bêtement, d'investigation. En allant à la rencontre de ces hommes et femmes plus ou moins connus - magistrats, policiers, politiqu