Dans cette affaire, personne n’a gagné, c’est l’image qui a triomphé. Ainsi, aucun sujet n’a pu émerger. Tous les protagonistes, commentateurs compris, se sont révélé être des objets du regard, de simples porteurs d’icônes. Il n’y a pas eu de confrontation du réel, mais une querelle iconophile dont l’enjeu a porté sur la valeur des images.
Si les déclarations du procureur Cyrus Vance, justifiant son renoncement à poursuivre Dominique Strauss-Kahn, nous apprennent peu de chose sur les faits, elles nous en disent beaucoup sur le système judiciaire étasunien et surtout sur la place de l’image dans nos sociétés. Ce dernier aspect ressort du rapport, mais aussi des réactions qu’il a suscitées.
Le procureur explique qu’il renonce à poursuivre DSK, non pas parce qu’il manque de preuves pour confondre le prévenu, mais parce que Nafissatou Diallo, par ses mensonges répétés, a dégradé son image de victime. Les réactions opposées à la décision de Cyrus Vance, que ce soient celles de la défense ou celles des organisations féministes, ne se fondent pas non plus sur l’observation des faits, mais sur la valeur attribuée à la plaignante. Elles réclament la continuation des poursuites, non en fonction d’éléments matériels à charge de l’accusé, mais en évoquant les attributs (femme, noire et pauvre) qui donnent naturellement, sans la médiation du droit, la place sacrée de la victime à Nafissatou Diallo. Ainsi, cette image désubjectivise l’ensemble des protagonistes de l’affaire, accusation, déf