Triple question : Jacques Chirac, 78 ans aux fraises, peut-il, ou veut-il, être jugé pour détournement de fonds publics, passible de dix ans de prison ? Et le sera-t-il ? L’affaire des emplois fictifs de la Mairie de Paris empoisonne la vie publique depuis quinze ans et mérite assurément d’être soldée une bonne fois pour toutes : Chirac, jonglant entre ses multiples casquettes, président du RPR, député de Corrèze, maire de Paris, candidat perpétuel à l’Elysée, distribuait les emplois de complaisance à ses obligés. Mais toujours aux frais du contribuable parisien. Simple copinage ou prise illégale d’intérêts ?
On peut prendre les propos de Jacques Chirac au pied de la lettre : il exprime son «souhait de voir le procès aller à son terme», sa «volonté d'assumer ses responsabilités», et fait toute confiance à ses avocats pour le «représenter» au cours des quatre semaines d'audience censées débuter aujourd'hui. Dont acte et, de fait, sa présence devant le tribunal n'est pas rigoureusement indispensable. Dans les semaines qui ont précédé, ses avocats avaient déjà négocié avec le président Dominique Pauthe sa comparution a minima : deux petites journées obligatoires, l'une pour un interrogatoire général, l'autre pour qu'il écoute le réquisitoire du procureur. Passer de deux à zéro ne change pas fondamentalement la donne, d'autant que ses avocats avaient préalablement négocié qu'il puisse s'exprimer devant un pupitre, pour mieux ânonner à la barre des propo