Les relations entre Libération et Claude Guéant sont, selon les mois, mauvaises ou exécrables. Les articles que nous lui consacrons nous valent fréquemment des missives signées de sa main, certaines déposées au journal par un motard de la Place Beauvau. Lundi encore, en marge d'une visite à grand spectacle du ministre sur les Champs-Elysées, une de nos journalistes se voyait refuser l'entrée d'une conférence de presse à laquelle les autres médias étaient conviés.
S'estimant insulté par Libération, Claude Guéant a souhaité rencontrer une partie de la rédaction. En cause : notre traitement de l'affaire des «fadettes» et de la surveillance dont un journaliste du Monde a été l'objet, hors de tout cadre légal ; l'existence, au plus fort de l'affaire Bettencourt, d'un «cabinet noir» au sommet de l'Etat, dont Libération a décrit la composition et le fonctionnement ; la mise au jour des réseaux parallèles dont Claude Guéant fut l'architecte comme secrétaire général de l'Elysée.
Sur tous ces sujets, l’entretien s’est déroulé de manière vive, mais courtoise. Et s’il est tout à fait normal qu’une personne mise en cause dans nos colonnes puisse donner sa version des faits, les éléments apportés par le ministre de l’Intérieur peinent à convaincre : que le «premier flic de France» prétende ne rien connaître du passé de Ziad Takieddine, Robert Bourgi ou Alexandre Djouhri est proprement inconcevable… Quant au traitement ethnique de la délinquance, et l’idéo