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Libération
TRIBUNE

Un déjeuner avec Nicolas Sarkozy

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par Emmanuel de Waresquiel, historien.
publié le 20 septembre 2011 à 0h00
(mis à jour le 20 septembre 2011 à 13h12)

J’arrive un peu en retard, mais le Président n’est pas encore là. Une dizaine de personnes autour de la table, chacun devant sa place. Personne ne parle. Il n’y a là que des historiens, d’ailleurs c’est un déjeuner d’historiens organisé par le conseiller culturel de la présidence, Camille Pascal. Je me demande, en attendant Sarkozy, pourquoi j’ai été invité étant donné les articles peu amènes que j’ai publiés sur lui. De mon côté, mes goûts d’anthropologue, ma passion pour l’observation du pouvoir l’ont emporté.

L’huissier annonce le Président. Nous sommes au garde-à-vous. Il arrive. Poignées de main rapides à chacun. Nous distingue-t-il bien les uns des autres ? Il m’a pris pendant un certain temps pour le biographe de Clemenceau ce qui est me faire trop d’honneur, je ne suis pas sûr non plus qu’il ait eu envie de savoir ce qu’est un historien, mais je me suis vite aperçu que là n’était pas le sujet.

Mes réflexions sur l’enseignement de l’histoire, sur la prétention abstraite et floue des nouveaux programmes du collège et du lycée n’ont pas l’air de lui plaire. Nous sommes tenus de laisser cela à des commissions de spécialistes et puis sans transition, une longue tirade sur la délinquance à l’école, sur les centres d’éducation renforcée, sur les violeurs qu’il connaît - il en a croisé un hier qui a refusé de lui serrer la main.

J’aborde la question un peu sensible des rapports de l’histoire à la politique, du travail de l’historien qui n’est pas de dire le bien mais de faire l