Une banque qui s’est comportée comme un dealer de produits financiers complexes, des collectivités locales qui se sont droguées au risque de faire faillite et des banques d’affaires internationales qui se sont gavées sur le dos des contribuables français. Voilà la réalité du scandale des emprunts toxiques, qui s’est déroulé, en toute opacité, dans les années 2000, au cœur des finances locales françaises.
Des prêts toxiques vendus par milliers
A la base, il y a un constat fait à la fin des années 90 par Dexia, ex-Crédit local de France, financier historique des collectivités locales. Les taux d’intérêt sont bas, la concurrence diminue les marges et les collectivités sont réticentes à augmenter leur fiscalité. Pourquoi ne pas leur offrir des solutions de «prêt structurés» ? Ces produits ont l’air formidables : ils offrent des taux d’intérêt très bas les premières années et les collectivités peuvent immédiatement faire des économies. Les banquiers, eux, peuvent en profiter en augmentant leurs commissions.
En fait, ces prêts sont un piège mortel. Car, les économies des premières années sont contrebalancées par un risque énorme. Trois ou quatre ans après le début du prêt débute la phase dite «structurée». Les taux sont calculés en fonction de formules absconses, à partir d’indices financiers très variés (comme le cours du franc suisse, du yen ou du dollar). Et là, on entre dans un monde de fous, où tout événement mondial ayant des répercussions éco