La politique est un manège qui s’emballe si souvent que l’on y perd le sens des réalités. Il y a six mois, les socialistes redoutaient que leur première primaire ouverte, ce processus expérimental donc mystérieux, ressemble trop à la scénarisation du sacre de Dominique Strauss-Kahn. Ils craignaient que leur primaire passe pour le simple référendum de ratification d’une candidature irrésistible. Le choix démocratique aurait alors semblé escamoté.
Il y a trois mois, changement de décors, l’appréhension générale était que la primaire tourne à la bataille rangée avec ce que cela implique d’embuscades, de chausse-trapes et de coups de Jarnac, et que les Français, découragés, s’en désintéressent, fassent même la grève de la participation. La question était alors de savoir si la barre fatidique du million de votants serait approchée.
Aujourd’hui, plus rien de tel : après le débat de France 2, la preuve a été faite que l’intérêt populaire grandit, qu’il est possible de dialoguer sans s’écharper, et même de se différencier sans s’agresser, donc que finalement la méthode a bien des mérites. On reparle de plusieurs millions de votants, comme en Italie, et d’un débat intelligent comme il y a quatre ans chez les démocrates américains. C’est maintenant la droite qui commence à penser à voix haute que pour l’élection présidentielle de 2017, il lui faudra à son tour se lancer dans l’aventure de la primaire.
Tout cela est bel et beau mais ne doit pas occulter cette réalité désagréable : le Part