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Libération
TRIBUNE

Harkis : promesse non tenue

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par Serge Carel, Ancien harki
publié le 23 septembre 2011 à 0h00

Moi, Serge Carel, ancien harki, j’ai servi l’armée française de 1957 à 1962 en Algérie, témoignant par cet engagement d’une tradition familiale très ancienne aux côtés de la France.

Je m’exprime aujourd’hui ici sous mon nom français, que j’ai adopté en arrivant en France il y a bientôt un demi-siècle. Si je ne peux pas donner mon nom algérien, c’est pour protéger ma famille restée en Algérie. C’est avec mon nom français que j’ai été décoré de la Légion d’honneur en 2007.

A la fin de la guerre, alors que je me trouvais dans une caserne française en Kabylie, j'ai vu mes officiers et compagnons d'armes français quitter le pays en me laissant sciemment sur place. Abandonné en Algérie, j'ai été emprisonné et torturé par ceux que j'avais combattus au nom de la France, avec des instruments de torture laissés sur place par l'armée française. J'ai réussi à fuir en France en août 1964. Je suis arrivé le visage tuméfié, les yeux et la bouche couverts de pus. Refusé par les services sociaux, j'ai dû vivre pendant plusieurs semaines dans un asile pour clochards, «le château des rentiers», dans le XIIIe arrondissement de Paris. Depuis cinquante ans, mes anciens camarades harkis et moi-même attendons un geste symbolique de l'Etat français, qui reconnaîtrait enfin sa responsabilité dans notre abandon et dans les souffrances qui s'en suivirent. Cette démarche de reconnaissance, Jacques Chirac l'avait esquissée le 25 septembre 2001 en déclarant à propos de nos tragédies de l'été 1962