Elle a «6487 euros et 21 centimes» sur son Livret Épargne. Comment Huguette Malavois, 76 ans, peut-elle être aussi précise? Elle sait. Un brin fâchée de n'être pas crue sur parole, elle dépose son sac à provisions sur le trottoir de la rue Arago, à Carmaux, fouille dans la poche de son manteau et brandit le papier qui atteste de la somme. «Je veux bien croire tout ce qu'ils disent, dit-elle, mais c'est ce qui va me rester de tout ça qui m'inquiète». La campagne présidentielle est donc bien loin dans ses préoccupations. Loin derrière «les bien mauvaises nouvelles de l'économie qu'on voit aux informations».
Vers le marché, c'est Blanche. Qui croit savoir qu'«ils s'entendent tous pour parler d'autre chose, pour ne pas faire peur aux gens». Bernard le quinquagénaire venu lui prendre son magazine télé à la Maison de la presse, au coin de la place Jean-Jaurès, achète aussi Les Echos. «C'est pour ma fille, dit-il. Elle veut savoir. Elle m'explique ensuite ce qu'elle sait». Cet artisan mécanicien n'a rien à craindre pour ses économies: «J'en ai pas». Il n'est juste «pas rassuré de la crise» qui, sent-il, s'annonce. Son étudiante de fille lui a expliqué: les temps difficiles conduisent plutôt chacun à se «refermer sur ce qu'il a et ce qui est en place, non pas à risquer un changement».
Aimé, son voisin retraité de la mine partage avec lui cette crainte que «la peur d'un crack financier général» ne