Après Martine Aubry lundi, et avant les autres candidats à la primaire du Parti socialiste des 9 et 16 octobre, Ségolène Royal était vendredi l'invitée spéciale de Libération. Interview réalisée face à toute l'équipe du journal lors de la conférence de rédaction.
Que vous inspire la mise en examen de deux proches du président de la République ?
Quand, il y a quelques mois, j’ai parlé de système corrompu, tout le monde s’était pincé le nez, même à gauche, en disant : «Elle exagère quand même.» Mais ce n’est pas excessif ! On est dans un système corrompu. Certains demandent que la justice aille jusqu’au bout. Mais on sait bien que la justice n’est plus indépendante aujourd’hui, qu’il y a des intrusions inadmissibles de l’exécutif dans son fonctionnement. Comment les rapports d’enquête, couverts par le secret de l’instruction, peuvent-ils parvenir jusqu’à l’Elysée ? C’est extravagant.
C’est une affaire d’Etat ?
Il y en a tellement que faire des effets de vocabulaire sur des affaires d’Etat… Il y a eu mort de personnes à Karachi, on ne parle pas seulement de corruption et d’argent. Ce sont des hommes et des femmes qui ont perdu la vie dans ces scandales politico-financiers.
Estimez-vous que le chef de l’Etat est corrompu ?
C’est le système qui est totalement corrompu. Le chef de l’Etat, lui, est protégé par l’immunité présidentielle. C’est d’ailleurs pour cela que la campagne présidentielle sera extrêmement dure. Nicolas Sarkozy a besoin de continuer à être protégé par l’immunité présidentielle. On le voit avec toutes les affaires qui l’approchent de si près ! Il a été avocat de Servier, lui a donné la Légion d’honneur et les rap