Jusqu’à maintenant, je n’en avais jamais parlé à personne… Il y a quelques mois, en allant dans la chambre de mon beau-fils Léopold, 11 ans tout juste, je suis tombé sur une carte de l’UMP, une imitation parfaite, coloriée au feutre rouge et bleu avec l’arbre blanc au centre. Sinon tout était normal : sa collection d’armes, divers accessoires, une paire de bas piqué à sa mère et une mallette secrète renfermant le butin de ses derniers larcins, billets de Monopoly, jetons de poker, mini-lingots d’or, souvenir d’un spectacle que j’avais donné à Lausanne.
Seule incongruité au milieu de ce bric-à-brac mafieux, la carte de l’UMP sur laquelle Léo avait collé sa photo. En observant soigneusement ce cliché, on perçoit tout de suite son statut de chef de bande, idole de sa classe, organisateur du plus grand trafic de vignettes Panini des Hauts-de-Seine de ces dix dernières années ! Celles représentant les joueurs du PSG (les plus précieuses) s’échangent sous le manteau, après s’être cogné l’épaule pour se dire bonjour. Oui, dans cette partie du 9-2, zone de non-droit, s’étalant entre Sèvres et Ville-d’Avray, à moins d’être un «bolosse», on ne se serre pas la main pour se saluer.
Bien sûr, la découverte de cette carte nous avait intrigués, sa mère et moi. Elle ne collait pas avec l'univers de Léopold, passionné depuis son plus jeune âge par le rap américain et les films sur la mafia. Un garçon extrêmement éveillé, curieux de tout, qui, à 11 ans, a déjà lu l'Instinct de mort de